Bienvenue dans Gouineries chaotiques, la newsletter dédiée aux littératures lesbiennes contemporaines en France !
Lors du premier atelier "Questions-bêtes-pas-bêtes" organisé par mon collectif, Les Jaseuses1, et intitulé "Pourquoi Wittig ?", nous avons été invité.es à parler de notre rapport à l'œuvre de Monique Wittig, et notamment de notre découverte de ses ouvrages et de sa pensée.
Nous sommes début 2016 : je suis en Erasmus à Berlin, les cours trop classiques de littérature masculine et poussiéreuse commencent sérieusement à m'ennuyer. Cela fait deux ans que je me forme lentement aux questions féministes. Alors je vais suivre un cours, "Introduction aux théories queers et féministes". Gertrud Lehnert, la professeure qui propose ce cours, change littéralement ma vie ce semestre-là. Non seulement elle est la première personne que je rencontre à se revendiquer ouvertement lesbienne, mais elle nous met aussi entre les mains des textes précieux. Au fil des semaines, on lit et on commente les textes. Je sens bien que 90% du contenu des discussions m'échappe, au début. Alors je m'accroche, je dévore, surligne, entoure, annote, je reviens à ces textes, encore et encore. Je comprends qu'il y a des personnes sexisées qui ont écrit des livres entiers sur nos vécus, et que j'en ai un aperçu dans ce manuel allemand que je ne lâche plus.
Et puis vient Butler. Je ne comprends absolument rien au début. On lea lit en allemand, ça n'aide pas. Qu'à cela ne tienne, j'investis dans la version française. Je sens que, si je m'accroche, je vais finir par comprendre quelque chose. Au moins un paragraphe ? Le semestre se termine, finalement on n'a pas tant parlé de Butler que de Beauvoir, Cixous, Haraway et Halberstam. Je ne sais pas encore que les mots de Jack Halberstam sur les enjeux des toilettes publiques pour les personnes trans vont me hanter dans les années qui vont suivre. Par contre, je trouve un autre cours, seulement sur Butler cette fois, mené par une jeune doctorante en philosophie, qui se fixe comme objectif de nous faire comprendre Trouble dans le genre de bout en bout.
J'inspire un bon coup, je ressors ma traduction allemande, et celle française. Je finis par comprendre pourquoi, au-delà de la longueur et de la complexité des phrases, je ne comprends presque rien : je n'ai pas les références. Je n'en ai quasiment aucune. Certes, Beauvoir et Foucault, je vois à peu près, dans les grandes lignes, on ne naît pas femme, le panoptique, tout ça. Mais le reste ? Jamais entendu parler. Et puis il y en a une qui m'intrigue, une Française.
Et c'est comme ça que je plonge la tête la première dans La Pensée straight. Je me dis que je pourrai retourner à Butler quand je maîtriserai les bases, notamment Foucault et Wittig. Mais alors voilà, maîtriser Wittig, c'est encore toute une histoire... La première fois que je lis “les lesbiennes ne sont pas des femmes”, je ne comprends pas. Vraiment, ça m'échappe. Pourtant, aujourd'hui, cette phrase me semble d'une clarté absolue. Alors, à son tour, La Pensée straight se retrouve surlignée et annotée, de la première à la dernière page.
Voilà comment je suis entré dans l'œuvre et la pensée de Wittig. Par Butler, et par cette professeure incroyable qui m'a encouragé à lire et à comprendre. Qui m'a laissé le temps, aussi, de tout digérer.
On ne parle pas assez, entre nous, des difficultés qu'on peut avoir à lire Wittig. Comme probablement un certain nombre de personnes évoluant dans les milieux militants et/ou universitaires, j'ai longtemps laissé sous-entendre avoir beaucoup plus lu et compris Wittig que ce que j'en avais effectivement lu et compris. Il n'y a que La Pensée straight que j'aie lu en entier. Le Corps lesbien ou Les Guérillères m'intimident. Je regarde mon exemplaire du Voyage sans fin d'un œil un peu circonspect. En ce moment, pour préparer un événement, j'apprivoise lentement le Brouillon pour un dictionnaire des amantes. Pour un autre atelier des Jaseuses, il va bientôt falloir que je dépasse ma timidité et que je m'attaque vraiment aux Guérillères.
Comment faire, pour rendre Wittig plus accessible ? Pour que son œuvre nous semble moins intimidante ? J'ai un sacré bagage culturel, théorique, universitaire, je suis entouré de personnes formidables qui la maîtrisent bien et savent l'expliquer, mais j'ai toujours du mal. Un monstre sacré ? Une icône ? Ce serait peut-être ça l'explication : une appréhension à m’emparer de ces œuvres à cause de l’aura que Wittig continue à avoir, vingt ans après sa mort. Peut-être parce que ses textes sont radicalement différents de ce que j’ai l’habitude de lire, et qu’il faut donc que je repense ma manière de lire. Peut-être aussi que j’ai une approche trop universitaire, trop scolaire : je veux tout comprendre et, dans la mesure du possible, le plus vite possible. Peut-être que je devrais laisser cette casquette de chercheur de côté, pendant quelque temps, la lire avec mon autre casquette, celle de lesbienne qui adore lire d’autres lesbiennes.
Alors voilà : c'est le début de l'année Wittig. J'espère qu'on sera nombreuxses à apprivoiser son œuvre, petit à petit. Et comme j'ai toujours peur de raconter beaucoup de bêtises sur le sujet, j'ai voulu donner la parole à Émilie Notéris, qui a publié à l'automne Wittig aux Éditions les Pérégrines. L'interview est à retrouver à la fin de cette newsletter et, personnellement, je pense que ses propos vont m’aider à retourner à Wittig.
Antenne
“Organe invisible [...] qui permet de percevoir instantanément les alliances possibles entre les lesbiennes.” (Monique Wittig & Sande Zeig, “Brouillon pour un dictionnaire des amantes”)
Actualités des littératures lesbiennes (majoritairement) françaises ou en français
Petit point sur la rentrée littéraire d’hiver. Parmi les dernières parutions, voici ce qu’on peut retenir :
Corps vivante, BD de Julie Delporte (ed. Pow Pow) : elle peut se lire comme la suite de Moi aussi je voulais l’emporter et raconte avec beaucoup de poésie - et de références culturelles lesbiennes - une sortie tardive de l’hétérosexualité, un sujet encore trop peu abordé dans la littérature contemporaine. C’est très beau, et très touchant. Un bémol cependant : en 2023, ce n’est plus possible de parler de lesbianisme et de corps lesbiens en reproduisant la dichotomie femme/homme et vulve/pénis. Nos corps sont divers, nos parcours et nos vies aussi, une réalité qu’il n’est plus possible d’ignorer aujourd’hui.
Petite Nature de Stéphanie Garzanti (ed. Cambourakis, dans la toujours excellente collection “Sorcières”) : un ouvrage hybride, dont les textes sont composés tout autant de réflexions sur l’art, de récits autobiographiques (notamment autour du lesbianisme de la narratrice), mais aussi d’un bonne dose d’humour et de critique de notre société, qu’il s’agisse de l’hétéropatriarcat ou des concours d’arts plastiques.
L’Amour de nous-mêmes, Erika Noméni (ed. Hors d’atteinte) : un premier roman, composé de dix lettres, dans lequel la narratrice, Aloé, femme noire, en surpoids, queer et pauvre, raconte son enfance au Cameroun, son arrivée en France, la précarité et la misère, la violence de la société et celle à laquelle elle est confrontée sur le marché de la drague. Mon prochain sur la liste !
Je me souviens, Natalie Clifford Barney (ed. Gallimard, dans la super collection “L’Imaginaire”) : encore un inédit de Barney ! Quelques mois après la parution de L’Adultère ingénue (dont j’ai parlé sur Instagram), c’est au tour de Je me souviens de ressortir de l’ombre. Publié pour la première fois sous le véritable nom de l’écrivaine, il s’agit d’un ouvrage écrit dans l’espoir de reconquérir Renée Vivien (autre grande autrice lesbienne de la Belle Epoque). Les deux préfacières, Suzette Robichon et Félicia Viti, parlent très bien de l’ouvrage dans cette vidéo.
Rien à perdre, Hanneli Victoire (ed. Stock) : un premier roman du journaliste de Têtu, dans lequel le narrateur raconte son enfance et son adolescence en Vendée, puis ses premières années à Paris, avec une immersion dans la communauté d’abord gay, puis lesbienne. Une partie du récit est consacrée à la transidentité du narrateur, ainsi qu’à ses relations lesbiennes, mais il est aussi question de classes sociales, du monde de la nuit, et des décalages entre la province et la capitale.
Offenses, Constance Debré (ed. Flammarion) : un roman pas lesbien, mais un roman de Constance Debré quand même. Son non-lesbianisme et la taille de ma PAL font que je le lirai, évidemment, mais plus tard.
Texte corporel, corps textuel. Nina Bouraoui en dialogue avec Marguerite Duras, Annie Ernaux et “La Nausée”, Sophia Schnack (ed. L’Harmattan) : un essai qui vient de sortir, tiré d’une thèse sur le même sujet, écrit par une collègue talentueuse, et que j’ai extrêmement hâte de commencer !
Les prochaines sorties lesboqueers à guetter :
Nella Nobili, La Jeune fille à l’usine (ed. Cambourakis, 1er mars)
Françoise d’Eaubonne, Contre-violence (ed. Cambourakis, 1er mars, avec une préface d’Isabelle Cambourakis)
Lauren Hough, La Fureur de vivre (ed. du Portrait, trad. Marie Chuvin et Laure Jouanneau-Lopez, préface Cate Blanchett, 03 mars). A noter cependant que l’autrice semble être du mauvais côté de la force en ce qui concerne la transphobie
Marie-Eve Lacasse, Les Manquants (ed. du Seuil, 03 mars)
Laura Vazquez, Du large et du long (ed. du Sous-sol, 10 mars)
Camille Islert, Un Chat à trois pattes (ed. Hachette, 22 mars)
Wendy Delorme, La Mère, la Sainte et la Putain (ed. Au Diable Vauvert, 13 avril). Parution en poche avec une postface inédite
Paul B. Preciado, Manifeste contre-sexuel (ed. Au Diable Vauvert, 20 avril). Parution en poche
Alexandre Antolin, Une censure éditoriale : Ravages de Violette Leduc (ed. des Presses Universitaires de Lyon, 27 avril)
[N.B. : si je ne parle pas d’un ouvrage, deux possibilités : 1) je n’en ai pas (encore) entendu parler 2) je ne veux pas en parler. Concernant la deuxième option : je me tiens à une ligne consistant globalement à ne pas démonter publiquement les ouvrages écrits par des personnes sexisées. Une bonne résolution que j’ai parfois du mal à tenir, mais il me semble bien plus intéressant de parler des ouvrages que j’aime que de ceux que, pour diverses raisons, je n’ai pas aimés, ou que je ne veux pas lire.]
Éparpillements
“Aussi les corps rebelles/nombreux / sont-ils isolés dans leur rébellion épars” (Michèle Causse, “L'Encontre”)
Choses lues, vues, écoutées en lien avec les littératures et cultures lesbiennes
Zanele Muholi, rétrospective à la Maison Européenne de la photographie
L’an dernier, j’ai eu la chance de voir une exposition de lea photographe sud-africain.e à Berlin. J’avais été bluffé par la beauté et la puissance qui émanaient de ces portraits de personnes queers et noires. Foncez voir l’exposition si vous êtes à Paris, c’est jusqu’au 21 mai (billets entre 0 et 11€). Et j’attends avec impatience les impressions, commentaires et impressions des copaines du Collectif ARQ (Arts et Représentations Queers).
Tár, film de Todd Field avec Cate Blanchet
Un film dont on entend beaucoup parler en ce moment. Critiques élogieuses du côté hétéro de la force. Assassines du côté queer et lesbien. Pour se faire un avis, on peut lire par exemple “TÁR ta gueule à la récré”, la critique aussi acerbe que drôle de Lesbien Raisonnable, ainsi que celle, en anglais, chez Another Gaze : “The Lesbian Allure And Colonial Unconscious Of Todd Field’s Tár”.
Mic drop
“J'ai su que j'avais été privée d'elle avant de la rencontrer” (Violette Leduc, “Thérèse et Isabelle”)
Des interviews d'acteurices du monde du livre (des auteurices mais pas seulement)
Pour cette nouvelle édition, j’ai voulu poser quelques questions à Émilie Notéris, dont j’ai adoré le Wittig, sorti à l’automne (ed. Les Pérégrines, coll. “Icônes”). Travailleuse du texte, elle a également publié, entre autres, Alma Matériau (2020) et La Fiction réparatrice (2017) et traduit en français Reclaim. Anthologie de textes écoféministes d’Émilie Hache (2016). Wittig est un petit livre orange qui est, entre autres qualités, une très bonne introduction à Monique Wittig : il est présenté comme un “brouillon pour une biographie”. On y trouve des archives, un nombre incalculable d’informations précieuses et passionnantes, ainsi que des entretiens avec des autrices influencées par son œuvre.
J'ai envie de commencer en te posant la même question que celle posée pendant le premier atelier organisé par les Jaseuses : comment est-ce que tu es entrée dans l'œuvre de Wittig ?
C’est la question que j’ai posée à la fin de mon livre à trois autriX de ma génération (pour situer, j’ai 44 ans) : Stéphanie Garzanti, Wendy Delorme et Claire Finch. Stéphanie et Wendy ont découvert Wittig avec La Pensée straight, pour Claire Finch c’était L’Opoponax. Pour ma part, c’était à l’occasion de la réédition de La Pensée straight aux éditions Amsterdam, en 2007, soit quatre ans après son décès intervenu le 3 janvier 2003. J’ai donc lu La Pensée Straight en premier mais je crois que je n’ai pas bien compris cette lecture à l’époque, même si elle a exercé une fascination sur moi et conservé une aura particulière. Ce n’est que deux ans plus tard, alors que j’étais en train d’écrire un livre qui s’appelle Fétichisme postmoderne (publié l’année suivante en 2010) que je suis devenue consciemment féministe et que j’ai découvert simultanément la théorie queer. J’avais 31 ans. Le Corps lesbien, je l’ai acheté après avoir vécu une histoire d’amour avec une femme, quatre ans plus tard, et ainsi de suite. J’ai découvert ses textes, progressivement, pour m’y replonger plus pleinement encore jusqu’à l’écriture du livre. J’ai l’impression que ma génération a souvent commencé par découvrir ses écrits dits théoriques davantage que la littérature, qui est venue ensuite. C’est aussi contre cette séparation arbitraire entre la littérature et la théorie que je l’ai écrit, pour rester fidèle à son travail, à son chantier comme elle dit. Il y a toujours de la littérature dans sa théorie et de la théorie dans sa littérature, pas de découpage binaire.
Pourquoi est-ce que l’œuvre de Wittig semble difficilement accessible à autant d’entre nous ? Et quel texte est-ce que tu conseillerais à quelqu’un.e souhaitant découvrir son œuvre et sa pensée ?
J’ai souvent des retours de lecture, à l’occasion de rencontres en librairies, de la part de lectrices qui disent avoir eu du mal à lire L’Opoponax, de leur frayeur face aux blocs de texte, sans sauts de lignes, sans respiration prédéfinie. Mais on peut poser son souffle là où on le souhaite, il y a dans ce livre une vitesse qui correspond aux flux de pensée et aux sauts des enfants d’un jeu à un autre. Le mieux c’est peut-être de le lire à plusieurs et à voix haute pour sentir à quel point il est vivant. Il faut resituer aussi son travail dans la lignée du Nouveau Roman, du basculement de la narration dans ce que Claude Simon appelle les ornières. J’aime beaucoup cette image, ce passage de la grande route aux bas-côtés du récit. L’envie de s’éloigner du développement de la psychologie des personnages, de l’intrigue bien ficelée, des dénouements et autres rebondissements confortables hérités du XIXème siècle. Du caractère normatif et normé de la littérature. Des trajets de lecture balisés. Wittig propose autre chose. Une lecture lesbienne, politique et littéraire, à l’oblique. Elle ne va pas dans le sens du vent elle avance contre les normes et les habitudes. Il faut lâcher prise et accepter de se laisser porter. Quant à savoir par où commencer c’est une question qui m’est souvent posée et je n’ai pas de réponse à donner, tous les trajets sont bons. Pas de hiérarchisation à poser, ni de parcours à imposer.
Est-ce que tu avais des appréhensions, au moment de commencer à travailler sur ce projet ? Par exemple concernant le fait de s'attaquer à une figure majeure du lesbianisme et du féminisme en France ?
Je n’avais pas d’appréhensions particulières, seulement une curiosité très grande à satisfaire et l’envie de lui redonner un corps, de l’épaisseur, de saisir son contexte, de plonger dans sa langue. Je voulais la connaître, je ne me suis donc pas « attaquée » à elle justement. Je me suis immergée pleinement dans la recherche avec un grand plaisir ; tout en prenant soin de ne pas me poser en tant que « spécialiste » de Wittig mais en proposant plutôt un parcours possible d’enquête subjective et transparente. Je parle depuis ma position d’écrivaine et j’explique, pas à pas, ma manière de travailler, d’écrire, de conduire des recherches pour démystifier le rôle de « l’auteur » et donner de la place aux voix et aux histoires que je convoque. C’est un livre qui s’est écrit à travers les rencontres que j’ai faites, les souvenirs qui m’ont été confiés et la confiance qui m’a été accordée, que je n’ai pas trahie ensuite pour réécrire par-dessus. J’ai voulu écrire ce livre en féministe. On écrit jamais seule. Suzette Robichon m’a aidée dans mes recherches et a relu entièrement le livre avant sa parution. Sande Zeig et Dominique Samson-Wittig ont relu les chapitres qui les concernaient plus particulièrement. Je continue à échanger avec elles, ce sont deux belles rencontres. C’était important pour moi que le livre leur plaise, qu’elles s’y retrouvent toutes deux, puisque c’est aussi de leur histoire qu’il est question. Je leur suis très reconnaissante, c’est quelque-chose de précieux. Je crois que ça se sent aussi de quelle manière un livre a été écrit, s’il arrache du contenu, cherche à s’imposer, à faire autorité, ou s’il prend soin des personnes et de leurs paroles. Mon livre ne referme rien derrière lui et il était important pour moi qu’il laisse la place à l’écriture de plein d’autres livres potentiels sur Wittig. Je n’ai pas voulu TOUT dire.
Monique Wittig, son œuvre et sa pensée sont très présentes en ce moment dans les sphères militantes, notamment grâce aux réseaux sociaux : qu’est-ce qu’elle nous a laissé en héritage ? Est-ce que, vingt ans après sa mort, elle peut toujours nous aider à abolir l’hétéropatriarcat ?
L’œuvre de Wittig, par son souci de casser les binarismes, de déborder les catégories, de dé-biologiser la langue, fait écho fortement à la pensée non binaire contemporaine. Elle a pris dans ses textes beaucoup d’avance sur son époque, on arrive aujourd’hui à un moment de grande proximité avec sa pensée. C’est aussi une très grande « écrivain »2 française et une théoricienne majeure. On se retrouve en France à un moment de grande violence réactionnaire raciste transphobe etc avec un retour en force du Front National / Rassemblement National, donc abolir l’hétéropatriarcat est un projet à long terme. Les chevaux de Troie wittigiens sont donc à déployer massivement, de toute urgence.
Quelque chose à ajouter, pour finir ?
Le dernier chapitre de mon livre s’intitule « Recommencer » 😉
Merci à Emilie Notéris d’avoir pris le temps de répondre à mes questions, et merci à vous de lire cette newsletter. A bientôt pour de nouvelles gouineries toujours chaotiques !
Monique refusait pour elle-même le terme d’“écrivaine”.