Bienvenue dans Gouineries chaotiques, la newsletter dédiée aux littératures lesbiennes contemporaines en France.
C’est une habitude journalistique (un marronnier, dans le jargon), au début de l’été, que de publier des listes et des listes de livres qu’il faut absolument emporter dans sa valise lorsqu’on part en vacances. Au-delà du fait que tout le monde ne part pas en vacances, ces listes sont composées à 95% d’ouvrages cishétéros, même lorsqu’elles sont présentées comme féministes.
Puisque la sélection d’il y a deux ans, avec Albane Linÿer, semble avoir plu, j’ai décidé de recommencer, toujours avec une autrice à mes côtés, afin de vous proposer une sélection qui soit la plus variée possible (même si on a en fait des goûts assez similaires, mais passons). Cette année, c’est à Lauren Delphe que j’ai demandé de me donner ses recommandations : ce sont nos enthousiasmes respectifs qui donnent cette sélection, vraiment longue certes, mais qui a dit que la demi-mesure était un concept intéressant ?
Lauren a publié en 2022 son premier roman, Faite de cyprine et de punaises (éditions iXe). Il s’agit d’un de mes romans préférés de ces dernières années, j’en ai parlé sur Instagram et globalement j’adore en faire la promotion intempestive (achetez-le).
Je tease un peu, mais à la rentrée, on se retrouvera pour le prix Gouincourt, qu’on organise avec Lauriane Nicol aka Lesbien raisonnable : rendez-vous début septembre pour la première sélection de cette toute première édition, contenant des romans lesbiens français/francophones, dont j’ai hâte de pouvoir parler.
Bonnes découvertes et bonnes lectures !
Sexe & hotness
Pas besoin d’explications pour cette catégorie (et n’oubliez pas qu’on est plus chauds que les fachos)
Le corps lesbien de Monique Wittig, Minuit, 1973, 9€
Car je me souhaite un hot lesbian summer et que ce livre me fait penser aux nuits de 36 heures où l’on s’explore et se ravage et whatever it’s called manifesting look it up, c’est très important le sexe comme acte militant. Lauren
Quatrième génération de Wendy Delorme, Grasset, 2007, 9€
Well évidemment, si ça parle de fisting, count me in. Plus sérieusement, toute ma vie queer est là, impossible de ne pas s’identifier aux personnages (de s’attendrir sur elleux puis de s’attendrir sur soi parce que voilà), de ne pas se voir dans chaque scène, à faire des injections de testo dans la chambre de son amant, des profils merdiques sur OkCupid les soirs de dèche, et des manifs à République (oui j’aime tout autant les fems, bravo les lesbiennes, en tout temps). Lauren
“Les mecs trans / les transmascs & Grindr”, par un PD trans, zine, juillet 2022 (en ligne ici)
C’est tout un sujet, chez les transmascs, la sexualité, et notamment son changement lorsqu’on commence la testo. Ca n’arrive pas systématiquement, mais souvent. Si la plupart des transmascs ont eu une vie lesbienne pré-transition, beaucoup se mettent ensuite à coucher avec des gays). Ce zine explore, à travers des témoignages variés, ce que ça fait, de coucher avec des gays cis lorsqu’on est transmasc et qu’on se met à utiliser Grindr (surnommée par un ami “l’appli du Malin”). Tout le monde devrait le lire, qu’iel soit concerné.e ou non par Grindr, parce que ça en dit long sur nos rapports sociaux au sein de la communauté gay et queers. Attention, il y a un certain nombre de récits de violence et de fétichisation, mais je l’ai mis dans cette catégorie plutôt joyeuse parce qu’il y a également de nombreuses et très belles pages sur la façon dont l’usage de Grindr et ces rencontres peuvent aider les transmascs à se réapproprier leur corps et à kiffer tant la sexualité que la proximité avec d’autres masculinités subalternes. Alex
Bonbons
Je vous renvoie vers le numéro 8 de la newsletter pour une définition fort subjective de “bonbons littéraires”
La licorne noire d’Audre Lorde, L’Arche, 2021, 17,50€
Alors encore une fois, c’est pour les faibles qui n’arrivent pas à se créer une carapace à la Debré, c’est pour se rappeler que nous faisons partie des personnes qui n’auraient pas dû survivre et pourtant, nous sommes là même si Macron ne le veut pas. Par ailleurs, l’une de nos lesbiennes reines antivalidistes qui a beaucoup écrit sur son cancer et sur son armée de personnes à la poitrine cicatrisée. Et je suis pas d’accord avec ses positions sur le BDSM (elle trouve que ça s’inscrit dans une histoire de domination etc., alors que c’est quand même un milieu assez costaud sur le consentement), mais elle écrit des poèmes érotiques qui donnent envie de jouer (parce qu’elle les voit comme un espace de récréation, cette professeure). Lauren
Hot Wings and Tenders de Marl Brun, Burn aout, 2023, 9€
Parce qu’il n’y a pas une seule phrase qui ne m’a pas fait sourire tellement je m’y suis reconnue, à la rat d’égout, ça parle de bouffe, ça parle de sexe, ça parle de travail jusqu’à la fin de la vie, ça parle d’huile sur les doigts, ça parle d’amitiés et d’amour et ça parle de causes perdues (ça parle de nous). Puis la forme est incroyable, en anglais puis traduit par son entourage et ça donne quelque chose tout en tendresse, on sent que ses amix l’aiment, on sent que nous sommes aimé.es ? Je sais pas trop, j’ai corné toutes les pages. Lauren
Plume d'Alistair Houdayer, auto-édition, 12€
Alors sans vouloir tomber dans la facilité, mais, sa plume. Sublime. Disability Pride Month et j’ai jamais été aussi fière de faire partie de cette commu handie car chaque ligne est belle à pleurer (j’ai pas pleuré perso parce que les gouines ça pleure jamais tmtc), sur l’enfance handie et comment c’est dur et comment c’est fragile et comment il est de notre responsabilité, adultes handi et queers, de protéger les enfants et de leur montrer à quel point iels sont aimé.es. Par ailleurs, Alistair est absolument génial et fait les meilleures vidéos pédagogiques sur les dossiers MDPH, l’autisme et la masculinité handie et trans - son répertoire est large et ouais. Lauren
Le bleu est une couleur chaude de Jul Maroh, Glénat, 2023 [2013], 25€
Un chef-d’œuvre – un chef-d’œuvre – à une époque où l’on étouffait pour un peu de visibilité (2010, deux ans avant la fin du monde), avec de l’amour, de la honte, du sexe, de la beauté, un chef-d’œuvre de lesbian gaze en fait (je me rappelle notamment de ces deux grandes pages de cunni, d’un bleu océan, et d’une tendresse), ce qui rend cet ouvrage tout aussi important car la version cinématographique est en revanche un chef-d’œuvre du male gaze et les chercheureuses vont pouvoir se régaler à comprendre comment une telle BD militante ( !) et lesbienne a pu être interprétée comme un déchet des plus banals du patriarcat (je blâme le cinéma mais oh well). Lauren
Nevada d’Imogen Binnie, Folio, 9,50€
J’en parle tout le temps je sais mais j’ai le droit parce que ça y est, j’ai l'âge du personnage, et c’est mon tour de me dire fuck je suis paumée depuis des années, on fait quoi maintenant. C’est un roman sur la fuite et il paraît que c’est notre spécialité à nous, la fuite, d’une lesbienne trans qui se casse parce qu’elle a trop de problèmes (notamment une ex cis bien toxique) et qui se retrouve à tenter de résoudre les problèmes d’une autre personne. Ça parle de la culture internet des années 2000, de cracking the egg (« coming in », en français, j’imagine ?), de vouloir s’en sortir et de ne le réaliser qu’en voulant que les autres s’en sortent en premier. Lauren
La nuit, le son de ta voix de Laure Pfeffer, Thierry Magnier coll. L’ardeur, 2024, 16,50€
La collection L’ardeur est avant tout pensée pour les adolescent.es, mais elle fonctionne parfaitement pour les adultes comme moi qui ont besoin de réparer quelque chose de leur adolescence queer ratée ou empêchée. Dans ce roman, Romane va comprendre pourquoi ce n’est pas du tout Timothée Chalamet qui l’attire (et on la comprend) mais bien plus Noûr, avec qui elle travaille en cours de théâtre sur une pièce hyper genderfuck de Marivaux. Ca raconte les premiers émois, les doutes balayés par une attirance toujours plus forte, les premières expériences, les enseignantes qui aident les adolescent.es à devenir elleux-même. Ca cite Adèle Haenel, Liv Strömquist, But I’m a cheerleader, ça dénonce les violences policières, le harcèlement, la lesbophobie, le racisme, la psychophobie. Et, pendant quelques heures, on se prend à rêver devant ces adolescences queers qui sont aujourd’hui un peu plus possibles qu’hier. Alex
Le Chant de la rivière de Wendy Delorme, Cambourakis, coll. Sorcières, 2024, 10€
Une femme se retire pendant quelques jours dans une vieille maison, dans la montagne. Elle attend de savoir si elle est enceinte, si la PMA a marché et, en attendant, elle tente de s’atteler à l’écriture d’un nouveau livre, qui lui échappe en permanence. Alors elle écrit à la personne qu’elle aime, retraçant leur histoire, et elle se balade. En parallèle, à cent ans de là, deux jeunes filles qui se connaissent depuis toujours, et qui ont habité cette région, découvrent l’amour et la sexualité lesbiennes au cours de l’adolescence, avec hésitation et enthousiasme. Jusqu’à ce que la société et ses interdits les rattrapent. On retrouve avec bonheur la plume de Wendy Delorme et ses sujets de prédilection (les voix qui se mêlent dans la narration, la sexualité gouine, les relations gouines/trans), on savoure la poésie et on suit la rivière qui nous raconte une partie de l’histoire et qui est, elle aussi, très anti hommes cishets. Alex
Pleurer puis tout brûler
Parce que beaucoup de livres issus de nos communautés nous font passer par un nombre parfois assez impressionnant d’émotions, voici une sélection de livres tristes et/mais enragés
Pour un temps sois peu de Laurène Marx, Theatrale Eds., 2023, 12€
D’une puissance, pas une seule violence ne nous est épargnée, comme aucune violence ne nous est épargnée dans la réalité (oui moi l’appel à la joie, bof, on en reparlera quand on n’aura pas à faire face à autant de haine). Elle y décrit entre autres la rupture d’un couple lesbien suite à leur agression dans la rue, le manque de soutien et d’outils et de suivi et de tout pour faire face à leur PTSD, et oh my, si tu l’as vécu. Surtout et plus que jamais, une lecture nécessaire et indispensable pour comprendre la systématisation des transféminicides, et tenter de la contrer, parce que le TDOR n’est pas assez pour faire le deuil de toutes les personnes assassinées chaque année. Lauren
Adieu triste amour de Mirion Malle, La ville brûle, 2022, 19€
Parce que je l’aime en fait c’est simple, c’est trop beau, c’est trop doux, c’est la dépression, c’est Montréal, c’est tous les lieux queers de Montréal, c’est Notre-Dame de Quille, c’est tout l’espoir et la fatigue que l’on se trimballe et c’est drôle en plus. Et c’est trop beau ai-je dit, j’ai envie de bousiller tous les mecs cishet qui ont fait du mal au personnage, elle est trop douce, elle fait trop de son mieux pour survivre, et heureusement il y a les gouines. Lauren
Clémence en colère de Mirion Malle, La ville brûle, 2024, 23€
Mirion Malle toujours parce qu’on l’aime : cette fois il est question de la façon dont on se reconstruit, maladroitement et en tâtonnant, après des violences sexuelles. Pour Clémence, ça passe par ses potes, un groupe de paroles de victimes, une lesbienne dans son lit, et des glaces. Des planches qui nous prennent aux tripes du début à la fin, parce que Clémence est probablement autant en colère que nous. Spoiler alert, ça fait pleurer (même quand on prend de la testo). Alex
Stone Butch Blues de Leslie Feinberg, Hystérique & AssociéEs, 2024, 19€
Évidemment, because studs and butches deserve the world, et que je les aime, c’est un roman parfait pour l’été car c’est une brique (peu après les émeutes de Stonewall tiens), remplie de rebondissements et de soap opera, qui retrace notre histoire. Qui ne nous épargne toujours pas sur la violence, mais oh well on connaît mon opinion sur le sujet (à savoir, je veux apprendre notre histoire et pas une version édulcorée où les descentes de police n’auraient jamais existé). Par ailleurs, il montre que les butchs sont des trésors qui attendent les fems à la sortie de leur boulot pour aller les emmener danser et je les aime/je nous aime. Avec une vraie chronologie d’un parcours butch, notamment sexuel (qui commence super maladroitement et tendrement avec une butch inexpérimentée devant son premier strap-on, et c’est trop beau pour être inventé). Lauren
L’Amour de nous-même d’Erika Nomeni, Hors d’atteinte, 2023, 19€
Un premier roman d’une autrice prometteuse (qui a entre temps écrit dans le collectif Gouines), avec une narratrice Aloé, qui nous raconte à travers une succession de lettres sa vie de femme noire, grosse, lesbienne, précaire, qui tente de survivre dans un monde qui lui refuse tout. Un pied dans la communauté noire, un autre dans la communauté queer, mais aucun endroit où elle peut se sentir entière, et le Covid par dessus le marché qui l’isole encore un peu plus. C’est aussi beaucoup d’autodérision, de références musicales comme je les aime, de pages qui font sourire, d’autres (beaucoup) qui donnent envie de tout brûler. Vivement le deuxième roman. Alex
Lectures intellos
Peut-être que vous faites partie des gens qui aiment bouquiner des essais pendant l’été, ou tout court, voici donc quelques ouvrages qui feront frétiller vos neurones
De chair et de fer de Charlotte Puiseux, La Découverte, 2022, 18€
Parce qu’on a gagné les législatives en 2024 mais pas une seule mesure antivalidiste, Charlotte Puiseux nous explique pourquoi le militantisme est à la ramasse et comment faire mieux (ouais ça crache un peu sur le NPA et ouais ça fait mal parce qu’on aime les aimer, mais ouais on a des institutions à démonter et on les démontera). Et ça reste super queer parce que c’est une ode à nos corps tordus et on les aime et on les aimera, Disability Pride Month baby, ici on célèbre les corps lesbiens et handi.
Et parce que les handi parlent beaucoup de repos sans jamais se reposer, Charlotte Puiseux a également traduit le premier chapitre de Feminist, Queer, Crip d’Alison Kafer, qui est LE livre d’introduction à l’antivalidisme. Et pour ça seulement, mille mercis, que quelqu’un.e se colle au reste svp, ce livre a changé ma vie, on découvre bien trop tard qu’on est handi (et pas seulement de très mauvais.es valides). Lauren
La prison est-elle obsolète ? d’Angela Davis, Au Diable Vauvert, 2021, 9,50€
Alors moins lesbien mais c’est écrit par une lesbienne (et par « une » lesbienne, je parle d’Angela Davis s’il vous plaît, ça compte triple), parce que crier ACAB c’est la base mais comprendre l’histoire derrière le système carcéral et le futur sans système carcéral c’est la deuxième étape (par contre je préviens, impossible de revisionner Orange is the New Black après ça, il y a des réalités que l’on ne peut pas romancer). Lauren
Du salaire pour nos transitions de Harry Joséphine Giles, Burn Aout, 2023, 5€
Well tout est dans le titre mais chaque phrase est une punchline magnifique, ça déconstruit le milieu médical, et rappelle qui fournit le boulot (les personnes trans), et qui est payé pour rien foutre et signer (les médecins et psys, quand l’envie leur prend). Un essai hautement antivalidiste par ailleurs (convergence des luttes toujours ici). Lauren
Ne suis-je pas un.e féministe ?, d’Emmanuel Beaubatie, Seuil, coll. Libellé, 2024, 4,90€
Un petit livre qui remet les idées en place, en 1) nous refaisant une brève chronologie des mouvements féministes 2) démontrant implacablement pourquoi exclure des minorités du féminisme n’a aucun sens, n’en a jamais eu et n’en aura jamais. Marche aussi bien comme approche introductive que pour (re)voir les bases. Parce qu’il faut qu’on connaisse notre histoire pour avancer comme il faut dans nos luttes (on ne peut pas toustes partir aux Etats-Unis comme Wittig à l’époque). En 2025 on reste concentré.e et on bosse sur les questions qui concernent les trans / les TDS / les racisé.es / les handi.es etc
Ce qui doit absolument être traduit
Appel aux maisons d’édition : les ouvrages qui suivent doivent (objectivement) absolument être traduits en français
Dream Work de Marie Oliver, 1983, Atlantic Monthly Press (en anglais)
À traduire svp, ma vie, mon sang, elle est très nature très spirituelle très tout ce qui pourrait horripiler, mais en fait tout est magnifique et c’est absolument à lire pour les personnes qui n’ont plus de famille de municipalité, parce que sa famille choisie c’est la nature et chacun de ses poèmes te rappelle constamment que you belong you belong you belong (parce qu’on ne va pas se mentir, c’est pas incroyable de se demander chaque matin pourquoi on se lève déjà, mais Mary Oliver a la réponse). Lauren
Sedating Elaine de Dawn Winter, Fleet, 2023 (en anglais)
C’est le livre le plus problématique qui soit donc je l’ai mis en dernier mais je l’aime d’un amour ardent, c’est une gouine qui en a marre de sa meuf (TW : meuf qui ne respecte aucun consentement, bien que le mot abus sexuel ne soit jamais posé, il y a du travail à faire dans le milieu queer et lesbien) et qui décide de la droguer pour récupérer son argent et payer son loyer (Baise-moi, version lesbienne et pathétique). Il n’est pas traduit et il ne le sera probablement jamais car va vendre ça à une maison d’édition féministe (“oui, c’est une fiction de 300 pages sur deux lesbiennes abusives”), et pourtant c’est une pépite qui me donne envie de rester célibataire à vie. Il ne décrit absolument pas les relations abusives (telles que je les connais tout du moins), c’est plutôt de la fiction où la narratrice prend toujours la pire décision lorsque le choix lui est donné de prendre la pire décision. L’idée n’est donc pas d’être bien représenté.e, mais plutôt de couler dans un puits sans fond de wtf. Comme voir un film d’horreur, mais l’horreur c’est vraiment juste toi (perso ça me parle). Lauren
Linus Giese, Ich bin Linus. Wie ich der Mann wurde, der ich schon immer war, Rowohlt, 2020 (en allemand)
Linus Giese est probablement l’une des personnes trans les plus connues d’Allemagne. J’ai lu son livre avant de commencer ma transition, à la fin de cette période si particulière que l’on pourrait intituler “non je ne suis pas trans vraiment pas mais je lis et regarde et écoute tout ce que je trouve sur le sujet et je suis vraiment un.e allié.e bien informé.e”. Il nous offre un récit précieux de transition, fait de douleurs, de joies, de doutes, de rencontres et de ruptures, qui donne envie de faire des câlins aux personnes trans autour de soi et de dire “viens on va se prendre un café à emporter et tu pourras mettre le nom que tu veux sur le gobelet ça va être génial”. Peut-être parce que le livre s’adresse bien aussi aux personnes cis que trans, c’est un bestseller en Allemagne (un bon argument marketing pour qu’il soit traduit, non ?). Alex
Paradiesische Zustände d’Henri Maximilian Jakobs, Kiepenheuer & Witsch, 2023, 22€
Un argument d’abord pour les germanophones qui passeraient par là : l’auteur a été adoubé par Sookee, l’incomparable rappeuse queer berlinoise. Dans ce roman à forte composante autobiographique, le narrateur trans nous livre, comme chez Linus Giese, un récit d’apprentissage. Comme souvent chez les transmascs, il y a la tentative d’une vie cis-lesbienne et l’espoir et l’attente que ça suffise. Mais ça ne suffit pas, et je dois bien avouer que le désespoir du personnage a failli me faire renoncer à poursuivre ma lecture plusieurs fois. Je l’ai lu alors que j’étais déjà out, durant une autre période, la période “c’est bon j’ai fait le plus dur j’ai fait mon coming out maintenant tout sera plus facile” (période aussi appelée “naïveté”), et j’ai pensé parfois qu’il exagérait, que ça n’était pas réaliste, tout ce désespoir et toute cette transphobie, en Allemagne, dans les années 2020. Spoiler alert : si, évidemment (malheureusement). Mais c’est aussi un roman des petites joies, de la découverte de soi, de la réappropriation de son corps, des tentatives pour rendre sa vie plus supportable, et des victoires qu’il faut absolument célébrer. Alex
J’espère qu’avec ça vous avez de quoi lire. Peut-être que d’autres recommandations viendront dans les prochaines semaines, who knows, cette newsletter porte son nom pour une raison. Prenez soin de vous !
Super!! Merci, merci 🔥✊🏻💜🩷🤍🩵
Trop bieeeen merci!!!!!